Alternative libertaire se revendique du communisme libertaire, l’une des tendances principales de l’anarchisme, formalisée en 1926 dans la « Plate-forme » rédigée par des militants russes exilés en France autour de Nestor Makhno, qui souhaitaient donner une base théorique et organisationnelle solide au mouvement libertaire, écrasé peu de temps auparavant par les bolcheviks, alors qu’il avait contribué à la défaite des armées blanches. Le drapeau tranché rouge et noir en est devenu le symbole, agité notamment par l’important mouvement libertaire espagnol durant la révolution de 1936. Ces couleurs sont donc porteuses d’espoir de transformation sociale, mais comme je l’ai répété à mes camarades – qui avaient tendance à en faire un usage graphique immodéré –, on ne convainc pas les gens avec un drapeau, qui est un signe de ralliement pour ceux qui s’y reconnaissent, mais un signe d’exclusion pour tous les autres. De plus, le rouge (évoquant le sang) et le noir (évoquant le deuil) ne sont pas les couleurs les plus immédiatement positives. Pour y remédier et redonner sens et sensibilité à ce tranché rouge et noir, j’en ai fait un baiser entre les deux couleurs, et entre les deux notions, « communiste » et « libertaire », dont j’aime l’équilibre contradictoire, le second venant contrebalancer l’autoritarisme associé au premier, le premier venant contrebalancer la désorganisation associée au second…